Historique de la Colombophilie
La domestication des pigeons remonte à la plus haute Antiquité : Aristote, déjà, qui vivait 3 siècles avant J.-C., parle des pigeons de Grèce. La Colombophilie est donc un sport relativement ancien et c’est pourquoi il nous semblait important de retracer son historique.
Le pigeon voyageur se fête à la Sainte Catherine. En effet, c’est en 1949 que la Sainte Catherine Labouré fut choisie comme patronne des colombophiles (elle passait beaucoup de temps à s’occuper des pigeons de la ferme)
Le logement des pigeons
Dans l'Antiquité
Aristote, qui vivait trois siècles avant J.-C., rapporte que les pigeons de Grèce produisaient 10 à 11 fois l’an, ce qui indique une domestication certaine. Au 1er siècle de l’ère chrétienne, Pline l’Ancien écrit dans son Histoire Naturelle que les Romains bâtissaient des tours pour les pigeons.
Les Colombiers de pied, vestiges du Moyen-Âge
Ces tours, souvent rondes, parfois carrées, étaient divisées en deux étages, l’étage supérieur étant réservé aux pigeons. Les murs de ces pigeonniers étaient pourvus de trous, ou boulins, où pondaient les oiseaux. Un arbre central, pouvant tourner sur son axe, supportait, au moyen de potences, deux ou quatre échelles, qui permettaient de visiter les boulins pour saisir les pigeonneaux. Les murs étaient lisses sans aucune saillie, afin que les chats ou les bêtes nuisibles ne puissent y grimper.
Après la révolution
Quand le droit de colombier fut supprimé par la Révolution, le 4 août 1789, l’élevage des pigeons connut en France une très grande vogue. Ceci fut sans doute dû au profit que les particuliers pouvaient en tirer, mais certainement aussi à la satisfaction de pouvoir jouir d’un nouveau droit jusqu’alors réservé aux seigneurs.
Des colombiers s’élevèrent un peu partout : c’étaient des constructions de bois posées sur un poteau central.
Mais des restrictions survinrent, qui causèrent la disparition de nombreux pigeonniers : pour limiter les dégâts causés aux cultures, les éleveurs furent contraints de maintenir leurs oiseaux enfermés au moment de semailles.
Pendant les deux Guerres Mondiales, les Allemands ordonnèrent la destruction de tous les pigeons (beaucoup prirent le risque d’en cacher quelques couples). Après la Seconde Guerre Mondiale, le prix des grains et leur raréfaction entrava également l’élevage, bien décimé par la tourmente, en beaucoup de régions de France.
Utilisation des pigeons voyageurs
Dans l'Antiquité
Moïse raconte qu’après le déluge, alors que les eaux recouvraient encore la terre, Noé lâcha une colombe. Celle-ci revint à l’arche, portant un rameau d’olivier. La Légende de cette colombe nous montre déjà l’attachement des gens à ces oiseaux.
Le pigeon a toujours été considéré comme un animal sacré, souvent messager de paix. Dans la Grèce Antique, la colombe était symbole de douceur et de constance. Les Hébreux les offraient souvent en sacrifice dans le temple de Jérusalem.
L’instinct et la volonté qui poussent nos pigeons à revenir vers leur point de départ sont connus et utilisés depuis les premiers temps de la civilisation. Les Égyptiens, les Perses, les Chinois et les Grecs, utilisaient les pigeons voyageurs comme messagers lors de leurs campagnes de guerre, ou pour la politique et le commerce. Des serviteurs colombophiles étaient spécialement affectés à leurs soins et à leur transport.
Après sa victoire aux jeux olympiques, un athlète de l’île d’Égine, lâcha un pigeon porteur d’un ruban pourpre qui repartit vers son île annoncer sa victoire.
Les Romains comprirent dès le début de leurs conquêtes les avantages qu’ils pourraient en tirer. Ils bâtirent d’énormes pigeonniers pouvant contenir 4 à 5.000 pigeons. Ils se servaient des pigeons messagers en toutes occasions.
Des pigeons teints de différentes couleurs étaient relâchés après les courses de chars pour avertir les propriétaires de leur victoire ou de leur défaite.
Le siège de Modène par Antoine, en l’an 43 avant J.-C., vit cet usage appliqué pour la première fois à l’art militaire. Le consul Hirtius envoya à Decius Brutus, commandant de la ville, une lettre attachée au cou d’un pigeon par un fil de soie. A son tour Decius Brutus dépêcha au camp des consuls un pigeon porteur d’une missive attachée à l’une de ses pattes.
On pense que Pline l’Ancien a fait allusion à cette manière toute nouvelle de correspondre avec les siens en temps de guerre, lorsqu’il décrit dans son Histoire Naturelle : “A quoi servent les remparts et les sentinelles et le blocus, quand on peut faire parvenir des nouvelles à travers l’espace.”
Au Moyen-Âge
Charlemagne rend l’élevage du pigeon “privilège nobiliaire”. Pratiquement tous les châteaux, fermes seigneuriales, abbayes possédaient une tour à pigeons. Celle-ci pouvait contenir jusqu’à 5.000 pigeons et attestait de la richesse et de la puissance de son propriétaire.
Les seigneurs les employaient comme messagers commerciaux, politiques et porteurs de renseignements en temps de guerre.
Ils ont servi pendant les Croisades Religieuses. Lorsque les chrétiens arrivèrent en Orient pour conquérir Jérusalem, il existait un service de poste par pigeon. Dans le poème du Tasse La Jérusalem est délivrée, l’auteur écrit :
“Pendant que les chrétiens se préparent à l’assaut et les infidèles à la défense, on aperçoit un pigeon qui fend les plaines de l’air et dirige son vol vers les remparts de Saline. Les ailes étendues, il plane sur l’armée chrétienne. Déjà, cet étrange courrier du sein des nues s’abaisse vers la cité. Mais soudain, un faucon au bec tranchant, à la serre cruelle, fond sur l’oiseau timide. Il le poursuit, il le presse et déjà il est prêt à le déchirer. Le pigeon tremblant s’abat et va chercher un asile sur les genoux de Bouillon. Le héros le reçoit et le sauve. Mais au bout d’un fil attaché à son cou, pend un billet qui est caché sous son aile. Godefroy le prend, l’ouvre et lit ces mots : “Le général d’Égypte au Roi de Palestine – Salut – Ne laisse point, Seigneur, abattre ton courage. Résiste encore 4 à 5 jours. Je viens délivrer les murs. Tes yeux verront tomber tes ennemis.” “
La poste par pigeon fut également mise à l’honneur par le Sultan Saladin, lors du siège de Ptolémaïs. C’est par ce même moyen que le débarquement de Saint-Louis en Égypte fut annoncé au Sultan du Caire et que furent appris les résultats de la bataille de Mansourah, si désastreuse pour les chrétiens.
Le Sultan Noureddin (1146-1173) avait également apprécié tous les avantages que pouvait procurer la poste par pigeons afin d’être informé au plus tôt de ce qui se passait dans ses états. Par ses soins, le service des postes avait été complètement organisé. Des tours servant de colombiers avaient été élevées de distance en distance sur toute l’étendue de l’empire. Chaque colombier avait son directeur et ses veilleurs qui attendaient à tour de rôle l’arrivée des pigeons. On y trouvait aussi des domestiques et des mules pour les échanges réciproques de pigeons. Cette institution des colombiers présentait un si grand intérêt pour la sûreté et la tranquillité publique, que les dépenses engagées étaient considérables.
Dans un manuscrit arabe conservé à la Bibliothèque Nationale et dont une traduction se trouve insérée dans le premier volume du voyage en Syrie de Volney, on trouve exposée une partie de la distribution de ces colombiers. Par leur moyen, les villes plus importantes étaient mises en relation les unes avec les autres.
Les lettres destinées à être transmises étaient attachées sous l’aile du pigeon et souvent, en duplicata, confiées à des pigeons différents. Arrivées à destination, elles étaient remises par le veilleur au sultan lui-même, qui seul, avait le droit de les détacher. Les pigeons étaient appelés les anges du roi et les plus rapides étaient hors de prix.
Les corsaires de Dunkerque et de Saint-Malo utilisaient des pigeons avec une technique toute particulière. Elle consistait à envoyer une barque de reconnaissance au large avec quelques pigeons. Dès qu’une proie était repérée, on lâchait les pigeons. Ceux-ci indiquaient, en tournant pour s’orienter, la position du bâtiment convoité.
Après la révolution
Il fallut attendre la Révolution de 1789 pour voir abolir ce privilège. Dans presque tous les cahiers de doléances, on trouve trace de dégâts occasionnés par les pigeons de châteaux aux cultures.
La Révolution donna à tous le droit de détenir des pigeons. Des colombiers se bâtirent un peu partout, surtout pour en retirer de la viande bon marché : le pigeon se nourrissait dans les champs dès les beaux jours et, en les habituant, l’hiver, on pouvait leur faire manger un peu de tout.
Mais le goût du jeu étant très développé à cette époque, des concours sont organisés en 1800 dans le Nord de la France et en Belgique. C’est le début d’une sélection sévère qui aboutira au vrai pigeon voyageur.
En 1806, les financiers de l’époque comprennent l’intérêt que représente le pigeon messager pour la transmission d’une information. Aussi n’hésitent-ils pas à louer à prix d’or des pigeons bien entraînés. C’est ainsi que Rothschild, apprenant la défaite de Napoléon à Waterloo par pigeon messager, disposa avant tout le monde d’une information qui lui permit une excellente spéculation boursière qui fut à l’origine de sa fortune.
A Anvers, les propriétaires de bateaux de transport marchand faisaient emmener sur ceux-ci de nombreux pigeons. Quand les marins n’avaient plus que quelques jours de mer à voyager, ils lâchaient ceux-ci avec des messages indiquant la marchandise transportée. A l’arrivée du bateau, celle-ci était déjà vendue. C’est ainsi que cette ville avec ses 25.000 pigeons sélectionnés, était en 1846 la première ville colombophile au monde.
Pendant le siège de Paris en 1870, 64 ballons chargés de pigeons quittèrent la ville. Ils étaient destinés à rapporter à la capitale, assiégée par les troupes allemandes, des nouvelles du Gouvernement. Les dépêches étaient miniaturisées par un procédé mis au point par le photographe Dragon, qui s’était fait remarquer en réduisant une photo représentant 400 députés sur une pellicule de 2 millimètres carrés. Grâce à ce procédé, chaque pigeon pouvait transporter 3.000 dépêches sur une pellicule de 3,5 mm2.
Pendant le siège, les pigeons ont ainsi acheminé 115.000 dépêches officielles et plus de 1.000.000 de dépêches privées.
Les 25 premiers pigeons furent emportés par le ballon Le Washington. Ils furent ensuite amenés à Tours où s’était installé le Gouvernement. Le 17 octobre, on leur confia leur première mission, qu’ils accomplirent fidèlement. L’expérience fut renouvelée avec le même succès et fut si concluante que le 4 novembre, on les chargea de la correspondance privée.
Les pellicules étaient projetées sur un écran et recopiées à la main. Ainsi, Paris recevrait-il régulièrement un véritable journal qui le tenait au courant des opérations militaires et de la vie du pays.
Les pigeons étaient chassés par les Uhlans, lanciers de l’armée allemande et par les paysans qui avaient déclaré la guerre aux pigeons. Leur action avait pris une telle ampleur que Gambetta avait édicté la peine de mort contre quiconque serait surpris tirant sur l’un d’eux.
Le 6 septembre, décision fut prise par le Préfet du Nord, à l’initiative de M. Hassebroucq, Président du Tribunal de Commerce de Roubaix, d’envoyer à Paris, avant que les lignes de chemins de fer ne soit coupées, des pigeons pour ramener des nouvelles de la capitale. Mille cinq cents pigeons furent réunis dans les villes de Roubaix et de Tourcoing et on fait appel à deux colombophiles, J. François de Tourcoing et H. Leman de Roubaix pour les accompagner.
Le 9 septembre au soir, ils arrivaient à Paris. Les pigeons furent logés au Bois de Boulogne, dans les greniers du jardin d’acclimatation. La première dépêche reçue à Roubaix donnait les détails de la bataille de Champigny.
Six siècles après l’Orient, la France emploie enfin le pigeon voyageur comme porteur de messages. Après la guerre de 1870, l’armée en tire les leçons qui s’imposent. Coetquiden et Montoire deviennent les principaux centres d’instruction colombophile militaire.
Vers 1900, les pigeons sont embarqués sur les bateaux et employés comme porteurs de courrier. Bientôt, ils servent les cours de la Bourse. Bien entendu, il faut d’abord les transporter sur les lieux où ils sont employés avant de pouvoir les relâcher porteurs d’un message. Ce voyage s’effectue souvent à dos d’homme, parfois à cheval.
Pendant la Première Guerre Mondiale
Pendant la guerre 1914-1918, l’armée française améliore sa technique : au lieu de colombiers fixes qui se trouvaient soit très loin du front, soit trop près, ils utilisent l’araba, qui avance et recule selon le retrait ou la progression de l’adversaire. L’araba était un autobus à impériale de marque Berliet, transformé en pigeonnier. Le bas servait de réserve de nourriture et de logement pour le soigneur. Les soldats qui s’occupaient des pigeons avaient un très grand rôle et les pigeons revenaient surtout pour eux.
En 1916, on fabrique 16 pigeonniers sur remorque, afin d’améliorer la mobilité. Certains pigeons furent de véritables héros. Le plus connu d’entre eux est “Le Vaillant”, matricule 787.15, qui fut lâché du fort de Vaux le 4 juin 1916 à 11 heures 30 pour apporter à Verdun le dernier message du Commandant Raynal. Celui-ci écrivait :
“Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. faites-nous donner de suite toute communication optique par Souville, qui ne répond pas à nos appels. C’est mon dernier pigeon.
Signé : Raynal.”
Ce pigeon a obtenu la citation suivante à l’ordre de la Nation :
“Malgré les difficultés énormes résultant d’une intense fumée et d’une émission abondante de gaz, a accompli la mission dont l’avait chargé le commandant Raynal, unique moyen de communication de l’héroïque défenseur du fort de Vaux, a transmis les derniers renseignements qui aient été reçus de ce officier fortement intoxiqué, est arrivé mourant au colombier.”
L’utilisation du pigeon soldat a permis de sauver de nombreuses vies humaines. C’est ainsi que le Capitaine René écrit dans son ouvrage Lorette, une bataille de 12 mois, octobre 1914 – septembre 1915 :
“Une unité de chasseurs à pied, engagée à fond, s’est trouvée en pointe et coupée des autres unités. Tous les moyens pour aviser le commandement de cette situation étaient fauchés par les bombardements ou le tir des mitrailleuses. Le téléphone était coupé et la liaison optique impossible en raison de la fumée des éclatements. C’est alors que les chasseurs qui avaient emportés quelques pigeons voyageurs obtinrent de les lâcher avec le message suivant : “Sommes sous le Souchez. Subissons lourdes pertes, mais le moral est très élevé. Vive la France !” Du colombier, le message fut transmis à l’artillerie qui allongea le tir, protégeant ainsi nos chasseurs d’une contre-attaque allemande. Ainsi Souchez fut libéré.”
Pendant la Seconde Guerre Mondiale
Pendant la guerre 1939-1945, 16.500 pigeons anglais furent parachutés en France, afin de rapporter au commandement allié des renseignements sur les lignes ennemies. Les Allemands avaient spécialement dressé des faucons pou les attaquer en vol.
Un jour, six sous-marins allemands se réfugient dans le port de Bordeaux. Les résistants envoient un pigeon messager avertir l’opérateur radio de Toulouse et deux heures plus tard, la RAF largue une pluie de bombes sur les sous-marins. Ce pigeon fut appelé “Le Maquisard”.
Un autre pigeon, nommé “White Vision”, était affecté à un hydravion de la RAF. Au cour d’une mission dans la tempête, l’appareil tomba dans la Mer du Nord. Les aviateurs lâchèrent le pigeon malgré le brouillard et le froid, porteur d’un message indiquant leur position. “White Vision” remplit sa mission malgré la tempête, et quelques heures plus tard, les aviateurs étaient sauvés.
De nos jours
Des années 1800 à 1960, le sport colombophile a connu un essor considérable, surtout dans les cités minières du Nord de la France, en Belgique, en Allemagne et en Hollande. Les colombiers fleurissaient partout car les pigeons ne coûtaient pas cher à nourrir et les colombophiles ne se préoccupaient guère de permis de construire, d’environnement ou d’autres considérations sanitaires. La colombophilie devenait un sport populaire et démocratique.
La première Fédération Nationale des Sociétés Colombophiles de France a été créée par décret du 28 juillet 1927. Le président était M. Leroy Beague, créateur des colombiers mobiles qui ont servi pendant la Première Guerre Mondiale.
Quand survient l’avènement de l’automobile, vers 1965, les gens partent de plus en plus nombreux en vacances et certains ne tiennent pas à être ennuyés par le soin à accorder à leurs pigeons pendant leur absence. La télévision, les permis de construire… achèvent d’en décourager d’autres et la masse colombophile diminue.
Pourtant, peu à peu, les gens reviennent à la terre et à leurs racines, et il semble que la colombophilie amorce son renouveau.
Tous les samedis et dimanches, des milliers de pigeons voyageurs sont lâchés à Chantilly, Saint-Denis, Melun, Châteauroux, Orléans… et parfois à Barcelone, Pau, Nîmes ou Marseille.
Les pigeons voyageurs peuvent parcourir jusqu’à 800 km dans la journée.
Le pigeon voyageur n’est plus guère employé comme messager : il a été victime de la concurrence du télégraphe, puis du téléphone et de la radiophonie (TSF). Mais il a encore servi pendant les deux dernières guerres, car c’est un messager que l’ennemi ne peut neutraliser, à moins de l’abattre. L’armée française possède encore un colombier au Mont Valérien, à Suresnes, dans la banlieue parisienne, et quelques pigeonniers mobiles.
Des hôpitaux emploient les pigeons voyageurs pour transporter leurs produits à analyser de l’hôpital au laboratoire (par exemple, de Granville à Avranches, dans la Manche). Les habitants des îles isolées les utilisent de la même façon pour se relier au continent. C’est plus rapide et plus économique que le bateau ou la voiture. Le pigeon ne craint pas les embouteillages.
La NASA, qui connaissait des problèmes de fuites de renseignements, est venue acheter des pigeons voyageurs à Roubaix et les secrets-défenses américains voyagent désormais souvent attachés aux pattes de nos messagers.
L’US Navy a ouvert à Hawaï une école de pigeons héliportés destinés au repérage et au sauvetage en mer. Les moniteurs associent certaines couleurs à des récompenses (rouge, jaune, orange). Quand la couleur apparaît, le pigeon appuie sur une petite pédale et la récompense tombe. Comme ces couleurs sont celles des dinghys et des gilets de sauvetage et que le pigeon a une excellente vue, le tour est joué !… Les pigeons sont efficaces à 90%, alors que l’homme n’atteint que 30%.
Il existe aussi de grands élevages de pigeons destinés à la consommation, mais je ne sais pas si l’on peut qualifier ces pigeons de “voyageurs”.
Les ancêtres du pigeon voyageur
Les ancêtres
Le pigeon voyageur est à l’origine migrateur. On trouvait en Europe et en Asie des bandes de pigeons migrateurs. On peut distinguer les Bisets primitifs (Columba Liva) et le pigeon spécifiquement migrateur (Columba Volans) nommé “pigeon volant” par les naturalistes. Peut-être existait-il des souches spécifiquement chinoises, par exemple, comme pour d’autre animaux. Toujours est-il que ces pigeons étaient petits et en perpétuel mouvement. Il existe encore actuellement des bandes de pigeons en Amérique et en Russie. Il en atterrit régulièrement de Roumanie… dans nos assiettes.
Il est donc probable que certaines des caractéristiques de ces divers pigeons se retrouvent chez nos pigeons voyageurs. Les colombophiles de l’époque ont dû commencer à les apprivoiser dans les villes ou les fermes comme de nos jours, puis les sédentariser.
Les pigeons actuels
Puis sont intervenues la sélection pour la chair (pour la nourriture) et la sélection pour les concours ou la beauté du caractère. On a constaté le développement et la culture de souches diverses, comme pour les chiens. Si bien que de nos jours, il existe une centaine de souches cultivées de pigeons de rapport et de beauté, qui vont du pigeon-paon au pigeon voyageur.
Chez nos pigeons voyageurs, on retrouve parfois des traits des pigeons de beauté : ils font des pirouettes en volant, comme les “culbutants”, on trouve parfois des plumes frisées, comme chez les “cravatés”, la forte taille de des morilles indiquant peut-être sa parenté avec le “carrier”, pigeon de Perse…
Parmi les vieilles souches sélectionnées essentiellement pour le voyage, on peut citer :
- le Messager de Beyrouth (il porte un fanon, le poitrail est large et ses caroncules sont très développées),
- le Carrier de Perse (gros pigeon, fortes morilles),
- le Messager Anversois (Bleu d'Anvers, du même type que nos voyageurs, avec un gros bec et des caroncules bien développées),
- le Messager Liégeois (écaillé bleu, plus fin, avec un bec court et des morilles plus petites).
Toutes ces souches sont maintenant mélangées et les caractéristiques du pigeon voyageur sont devenues la qualité de son plumage, sa force, sa résistance et sa rapidité.